J’en ai d’abord eu une il y a cinq ans et demi, après une rupture douloureuse. Certains se réfugient dans les bras de la première personne venue. Moi c’était dans ceux d’une poupée. Au bout de dix mois, je me suis dit que si les gens de mon entourage l’apprenaient, ils allaient me prendre pour un taré.
« Gagnez une vraie femme »
J’ai appris l’existence de telles créatures il y a des années, dans une revue destinée aux hommes. Elle annonçait : « Gagnez une vraie femme ». Sur les images, elles paraissaient si humaines… On choisit le corps, le visage ou encore la perruque. C’est une femme sur mesure. A l’époque, j’étais chez mes parents, je n’avais pas d’argent, et puis j’avais une petite amie. Ce n’était pas le moment, mais elles m’ont fasciné.
Quand j’ai sauté le pas en 2006, je me suis tourné vers Doll Story. L’entreprise franco-japonaise existait depuis quatre ans à Lyon, à une bonne heure de Bourg-en-Bresse, où j’habite. Je suis allé à la rencontre de leurs quatre modèles à l’époque, dans ce qu’ils appellent le showroom – l’appartement du patron, où sont exposés les « mannequins ». C’était si intimidant.
Puis j’ai vu Lilica. Le dos droit, les jambes croisées, installée sur un tabouret de bar. Lilica, c’est le nom du modèle. Je leur ai dit : « C’est elle ou rien ». Quand je l’ai reçue six semaines plus tard à mon domicile, j’étais comme un gamin le jour de Noël. Je l’ai déballée de son carton et installée sur mon canapé. Et je l’ai contemplée. »