Par­ler des failles de sécu­rité sur Face­book, c’est main­tenant presque un mar­ronnier. Pas sim­ple de pro­téger sa vie privée tout en util­isant le réseau social le plus prisé au monde (1,5 mil­liard d’utilisateurs à l’automne 2015). Pour les ingénieurs infor­mati­ciens et les geeks du dimanche, décel­er les bugs de Face­book tient du loisir. Dernière trou­vaille en date : il est pos­si­ble de savoir quand vous dormez.

Com­ment ont-ils fait ?

Sur Face­book, les don­nées retra­cent l’activité de chaque util­isa­teur. Plus pré­cisé­ment, elles per­me­t­tent de savoir quand vous êtes con­nec­té ou non, sur quel sup­port (ordi­na­teur ou mobile), et quand vous utilisez Mes­sen­ger (l’application de mes­sagerie instan­ta­née rat­tachée au réseau social). Pour qui sait lire du code HTML, ces infor­ma­tions sont facile­ment acces­si­bles. Reste à créer un pro­gramme infor­ma­tique qui récolte en temps réel ces don­nées rel­a­tives aux util­isa­teurs. Et enfin de les com­pil­er sur un graphique afin de les ren­dre lis­i­bles pour le com­mun des mortels.

Résul­tat : il est pos­si­ble de savoir com­bi­en de temps vous passez sur Face­book et Mes­sen­ger, mais aus­si quand vous n’y êtes pas. Ces péri­odes d’absences sont représen­tées par les zones vides. Dans un monde hyper-con­nec­té où Face­book est une pierre angu­laire de nos vies, il est pos­si­ble d’interpréter les longs moments d’absence comme… des péri­odes de sommeil.

Vidéo à l’appui, voici l’interprétation (presque sci­en­tifique…) des don­nées Face­book récoltées :

Pourquoi ce n’est pas une faille de sécurité

Dans cette décou­verte, rien de dan­gereux pour la sécu­rité des util­isa­teurs Face­book : pas de risque de se faire pirater son compte ou de voir ses don­nées privées siphon­nées. Les élé­ments util­isés ne per­me­t­tent pas de savoir sur quelles pages l’u­til­isa­teur de Face­book se rend, ni à quelle per­son­ne il s’adresse sur Mes­sen­ger. Elles per­me­t­tent juste de savoir quand la per­son­ne est sur Face­book, pas ce qu’elle y fait. C’est ce qu’on appelle une méta­don­née, au même titre que la géolo­cal­i­sa­tion, par exemple.

Selon Rai­han, étu­di­ant en cinquième année d’in­for­ma­tique, nous sommes loin du hack­ing : « Les don­nées util­isées ici sont déjà disponibles sur Face­book. En temps nor­mal, cha­cun peut savoir quand ses amis sont con­nec­tés (grâce à la célèbre pastille verte) ou absents, et depuis com­bi­en de temps ils ne sont pas con­nec­tés. Dans ces graphiques, on retrou­ve exacte­ment ces don­nées. » Des don­nées qui sont accu­mulées sur des péri­odes de plusieurs jours, et qui peu­vent appa­raître en temps réel. Mais selon Rai­han, « aucune don­née pro­tégée n’est volée ici. Ce n’est pas une faille de sécu­rité, mais cela peut être perçu comme une men­ace pour la vie privée ». 

Une intru­sion poten­tielle dans notre vie privée

Il faut égale­ment rel­a­tivis­er la fia­bil­ité sci­en­tifique de l’analyse des don­nées. Les infor­mati­ciens qui ont créé le graphique par­tent de ce pos­tu­lat : la dernière chose que l’on fait avant de dormir est de se con­necter sur Face­book. Idem au réveil. Même si cette pra­tique est courante pour de nom­breux util­isa­teurs, ce n’est pas le cas de tout le monde. L’interprétation des don­nées récoltées n’est donc pas pré­cise à la minute près.

Mal­gré tout, ces graphiques peu­vent expos­er plusieurs choses sur votre mode de vie. Couche-tard ? Le graphique le mon­tr­era. Gros dormeur ? Le graphique le révélera. Insom­ni­aque ? Le graphique le prou­vera, si vous vous con­nectez sur Face­book pen­dant vos péri­odes de réveil noc­turne. Si ce graphique tombe entre les mains d’un ami à la curiosité per­verse ou d’un patron très regar­dant, cela peut pos­er prob­lème. La vio­la­tion de la vie privée n’est pas loin. D’au­tant plus que les codes sources per­me­t­tant d’u­tilis­er les graphiques sont disponibles sur le site GitHub. Ils sont donc poten­tielle­ment acces­si­bles à tous. Big Broth­er est donc prêt à veiller sur votre vie nocturne.