Cela fait près de vingt-qua­tre ans que le Col­lec­tif du 5 mai 1992 attendait ce moment. Josepha Guidi­cel­li, prési­dente du mou­ve­ment, a dévoilé ce jeu­di matin, en com­pag­nie du secré­taire d’Etat aux Sports Thier­ry Brail­lard, une plaque en hom­mage aux vic­times. « C’est très impor­tant, soulig­nait-elle. Enfin la cat­a­stro­phe est recon­nue comme un drame nation­al et non comme une tragédie cor­so-corse. » Une sat­is­fac­tion pour l’association « après vingt longues années pen­dant lesquelles les autorités du foot français ont ignoré les vic­times ».

 

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Le nom­bre de per­son­nes décédées le 5 mai 1992 lors du match Bas­tia — Mar­seille en demi-finales de la Coupe de France.

Ce 5 mai 1992, au stade Armand-Cesari de Furi­ani, Bas­tia reçoit le grand Mar­seille en demi-finales de la Coupe de France. Un événe­ment pour le club corse alors en Deux­ième divi­sion. Pour recevoir les stars de l’OM, une tri­bune de 10 000 places est mon­tée à la hâte. Les appels au calme du speak­er n’y chang­eront rien. Quelques min­utes avant le coup d’envoi, une par­tie s’effondre et emporte avec elle plus de 4000 per­son­nes dans le vide. 19 sup­port­ers décè­dent et plus de 2300 sont blessées.

Le col­lec­tif ne veut pas de foot­ball en France les 5 mai

Fondé au lende­main de la cat­a­stro­phe, le Col­lec­tif du 5 mai 1992 avait pour but de représen­ter les familles et proches des vic­times. Avec deux requêtes prin­ci­pales : qu’on ne joue plus au foot en France les 5 mai et que le drame soit recon­nu au niveau national.

Au fil des ans, et ce mal­gré les pro­pos de François Mit­ter­rand au lende­main du 5 mai 1992, le col­lec­tif s’est heurté aux autorités publiques et aux acteurs du foot pro­fes­sion­nel. Il s’était remo­bil­isé à l’occasion des vingt ans du drame. Et avait obtenu assez rapi­de­ment une pre­mière vic­toire : la finale de la Coupe de France, pro­gram­mée ini­tiale­ment le 5 mai 2012, avait été décalée.

Par­al­lèle­ment, une péti­tion en ligne avait été lancée fin 2011 pour qu’on ne joue plus au foot en France un 5 mai. Plus de 40 000 sig­nataires s’étaient engagés, dont le can­di­dat Hol­lande à l’époque. « Ce qui est mal­heureux dans cette affaire, c’est qu’il a fal­lu que les poli­tiques s’emparent du dossier pour que les choses avan­cent », déplore Didi­er Gras­si, porte-parole de l’association.

 Notre prin­ci­pale dif­fi­culté, c’est face à la Ligue. Nous sommes face à un murJosepha Guidi­cel­li, prési­dente du Col­lec­tif du 5 mai 1992, au sujet 

Sous l’impulsion notam­ment de Thier­ry Brail­lard, secré­taire d’Etat aux Sports, un accord avait été obtenu en juin 2015. En France, il n’y aura désor­mais plus de match­es, que ce soit au niveau ama­teur ou pro­fes­sion­nel, lorsque le 5 mai est un same­di. Le prochain n’interviendra qu’en 2018. « C’est une pre­mière étape, mais j’aimerais soulign­er que le col­lec­tif con­tin­uera à lut­ter pour qu’il n’y ait aucun match de foot­ball le 5 mai », rap­pelait ce jeu­di matin Josepha Guidicelli.

Bien qu’il ne s’agisse pour l’heure que d’un « com­pro­mis », comme l’a évo­qué Thier­ry Brail­lard lors de son élo­cu­tion, les mem­bres du Col­lec­tif gar­dent espoir d’obtenir davan­tage. « Notre prin­ci­pale dif­fi­culté, c’est face à la Ligue (LFP), estime la jeune femme. Nous sommes face à un mur. Les gens sont amenés à évoluer. Dans la semaine, on a eu con­nais­sance que M. Thiriez (prési­dent de la LFP) ne se représen­terait pas. »

Sa présence, ce jeu­di matin dans le hall du min­istère des Sports (13e arrondisse­ment de Paris), a d’ailleurs été mal perçue. Les prochaines élec­tions auront lieu en octo­bre 2016. « On sera là pour sol­liciter le nou­veau prési­dent de la Ligue, prévient Didi­er Gras­si. On ne perd pas espoir. » Pour ne jamais se retrou­ver devant une sit­u­a­tion cru­elle : fêter un titre nation­al un jour de deuil.

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