« Je rêve d’être avo­cate, comme dans les séries » lance Tas­nin, 14 ans, assise dans les escaliers de la cour du col­lège Gus­tave Courbet de Romainville (Seine-Saint-Denis). Mais avant de revêtir la robe, elle ira faire son stage de troisième à la boulan­gerie en bas de chez elle. Et elle n’est pas la seule. Chaque année, ils sont des mil­liers de col­légiens à red­outer ce moment. Faute de réseau, ce pre­mier aperçu du monde du tra­vail est sou­vent déce­vant et peu engageant pour leur avenir professionnel.

 

« Ne pas avoir de réseaux ne doit pas être une fatal­ité », explique Mélanie Tar­a­vant, chroniqueuse à « La Quo­ti­di­enne » sur France 5, une des trois fon­da­tri­ces de l’association « Viens voir mon taf ». Avec Vir­ginie Salmen, reporter édu­ca­tion à Europe 1 et Gaëlle Frilet, pro­fesseure d’anglais, elles se sont réu­nies au lende­main de l’attentat con­tre Char­lie Heb­do, en jan­vi­er 2015. « On voulait chang­er le monde, rap­procher les gens qui ne se côtoient jamais et surtout le faire rapi­de­ment » renchérit-elle.

Et la ques­tion du stage de troisième est rapi­de­ment arrivée dans la dis­cus­sion. « Dans mon secteur, on reçoit beau­coup de “fils et de fille de”. Je ne m’exclus pas de ce sys­tème, con­fesse la jour­nal­iste. Cette pre­mière expéri­ence, c’est surtout la pre­mière ren­con­tre pour ces jeunes avec l’injustice sociale. »

Un trem­plin pour s’en sortir

A trois, puis rapi­de­ment rejoint par une équipe de bénév­oles, ils ont tous décidé d’ouvrir leurs car­nets d’adresses. De l’édition, au graphisme en pas­sant par le lab­o­ra­toire de biolo­gie, une cen­taine d’adolescents ont déjà pu en prof­iter depuis le lance­ment de la plate­forme sur inter­net, en sep­tem­bre 2015.

Ces domaines sont sou­vent bien éloignés de leur envi­ron­nement social. Pour Mar­tine Robic, con­seil­lère prin­ci­pale d’éducation (CPE) au col­lège Marie Curie dans le XVI­I­Ie arrondisse­ment de Paris, « ça fait plaisir de voir de telles ini­tia­tives. J’ai décou­vert ce site après qu’une de mes élèves ait trou­vé son stage dans un restau­rant parisien. »

Cette élève, c’est Marie, 14 ans. Pen­dant cinq jours, elle s’est lev­ée tous les matins pour rejoin­dre la brigade de Théo Pour­ri­at, le chef du Sep­time rue de Charonne, dans l’est de Paris. Avant de com­mencer, l’équipe de « Viens voir mon taf » avait briefé la jeune sta­giaire. « On leur explique qu’il faut être poli, ponctuel et sérieux », racon­te Mélanie. Pour la jour­nal­iste, cette pre­mière expéri­ence les engage vrai­ment sur la voie pro­fes­sion­nelle, « je leur con­seille de pren­dre le max­i­mum de con­tact ». La preuve : quelques jours après la fin du stage, Marie et sa maman ont déjà fait du repérage dans les lycées hôte­liers de l’Ile-de-France.

D’ici trois semaines, la sai­son des stages de troisième sera ter­minée mais l’association ne compte pas en rester là. « On cherche à attir­er de nou­veaux pro­fes­sion­nels, notam­ment dans les domaines de la san­té et de l’artisanat », explique Mélanie Tar­a­vant. Mais d’ores et déjà, les trois fon­da­tri­ces pensent à éten­dre le pro­jet à l’ensemble des villes de France. Une antenne de « Viens voir mon taf » ouvri­ra prochaine­ment à Lyon.

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Crédits: Viens voir mon taf